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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 09:03

Des malheurs, que Dieu nous protège, tous…..

 

        Les malheurs et les accidents peuvent survenir et transformer en victime n’importe qui ; et même quand il s’agit d’homicide, en plus de la personne décédée, les autres acteurs sont souvent les victimes des circonstances directes du drame ou celles de circonstances vécues plus loin dans leur enfance et qui ont fragilisé, sans qu’ils en soient conscients, leur personnalité profonde, les transformant  en êtres susceptibles, plus que d’autres, de commettre  le geste irréparable qu’ils passeront beaucoup de temps à regretter et à essayer d’oublier ; mais croyez-moi n’importe qui, je dis bien n’importe qui, vous et moi compris, peut-être piégé par la vie et être amené, par des circonstances fortuites qu’il n’aurait jamais pu imaginer… à se transformer en meutrier.

 

        Nous sommes aujourd’hui le jeudi 17 mars 2005, je viens d’acheter le journal « Le Temps » que je n’ai pas encore parcouru, mais déjà en première page, je lis ces fragments de manchette : 

 

        « Emouvantes obsèques de Heykel Hmaïssia[1]. Ses amis, ses entraîneurs témoignent : Un garçon bien ; et sous une photo des obsèques au Jellaz,  "Bizerte sous le choc". Battu à mort, il n’a pas été secouru et a même été jeté devant chez lui. On l’a laissé pour mort, gisant dans une flaque de sang. Huit personnes arrêtées, dont deux joueurs de l’équipe de football, le videur et le gérant de la discothèque. »

 

        Je ne commenterai pas davantage ce drame au cours duquel un sportif de haut niveau, formé à Ezzahra et ayant été prêté à Bizerte a trouvé la mort. Je l’ai presque fait en son préambule introductif et je n’ai rien à ajouter, ne connaissant personne parmi les victimes,  actives ou passives soient-elles.

 

        Mais, j’en commenterai un autre survenu, lui  à Nice,  et dont le journal « Tunis hebdo » du lundi 7 mars  2005 s’est fait l’écho, publiant même les photos de certains acteurs du drame qui, ayant passé une grande partie de leur jeunesse à Nabeul, sont bien connus de ma petite famille et de moi-même. 

 

        Il s’agit de deux jeunes, une jeune femme,  Jamila et son frère,  Mohamed.

 

        Leur mère Mbarka, originaire de Bizerte et leur père, marocain d’origine, mais dont j’ignore le prénom, ont eu de nombreux enfants que j’ai tous connus et dont je continue de rencontrer certains en été, à Nabeul où  la mère, divorcée, a fini par s’installer dans les années 60/70 avec ses cinq filles et ses deux fils dont Mohamed est le plus jeune.

 

        Avant de s’installer à Nabeul, la pauvre Mbarka et sa nombreuse progéniture, ont non seulement vécu la misère et la discrimination raciale de toute famille émigrée dans les banlieues françaises, mais en plus, le martyr quotidien que leur a fait subir,  durant des années, leur chef de famille, misogyne et macho à souhait et, pour le moins,  violent.

 

        La famille a fini par éclater et Mbarka a fui la France et la misère qu’elle y a connue  ainsi que la violence morbide de son ex-mari,  emportant pour tous bagages ses sept enfants dont les plus âgés seuls étaient adolescents : une fille handicapée d’une jambe (estropiée, paraît-il par son père au cours de l’une de ses crises de colère) et un garçon aujourd’hui père de famille honorable, installé à Nabeul.

 

        Je connais très bien Mbarka la mère qui a passé partie de  sa vie à faire le ménage chez les coopérants français et qui a réussi, tant bien que mal, à subvenir aux besoins et à l’éducation de ses enfants, tous nés dans la banlieue française et qui ont donc tous subi, comme je l’ai déjà dit, la misère sentimentale générée par la violence de leur père et la misère de l’exclusion sociale qui, loin de sa source, (la banlieue française), a fini par s’estomper,  sinon s’effacer…

 

        Je connais d’autant mieux Mbarka que, durant les années 1980, elle se transforma en véritable nounou pour ma fille Ashraaf alors bébé. Mbarka, logeant à quelques mètres de la villa de ma belle-famille, où ma fille passait une bonne partie de la matinée, c’est tout naturellement, que la brave femme a commencé à jouer à la nounou.

 

         Ashraaf, aujourd’hui, âgée de 25 ans, assistante contractuelle, enseignant l’anglais à l’université de Tunis, continue à  considérer Mbarka  presque comme  une  grand-mère.

    

        Les aléas de la vie ont fait que Jamila et Mohamed, deux des enfants de Mbarka ont de nouveau re-émigré en  Europe.

 

        Jamila a choisi la France où elle a épousé d’abord un riche homme d’affaires libanais, dont elle a eu deux enfants, pour en divorcer ensuite et se remarier, avec un richissime lord anglais, un septuagénaire parent de la famille royale, qui a fini par la quitter pour une autre tunisienne, en lui abandonnant auparavant la villa cossue qu’ils ont habitée ensemble à Nice.

 

        Et c’est justement dans cette villa qu’a eu lieu le drame que je relate ci-après et que je reconstruis, sur la trame des recoupements que j’opère entre le contenu de l’article du journal et les informations fournies par un proche de la famille concernée.

 

        Ce drame qui coûta la vie au comte anglais s’est déroulé d’une manière fortuite, les faits s’enchaînant inéluctablement :

 

        Mohamed résident d’habitude en Allemagne, était depuis peu en visite chez sa sœur lorsqu’il a assisté à une scène de ménage, d’abord banale, entre le comte et son ex-épouse  avec laquelle il essayait de régler des détails matériels de pension et autres; mais la discussion  s’envenima  soudain, se transforma en querelle et le baron traita Jamila de "catin"; le sang chaud de Mohamed ne fit qu’un tour, s’ensuivit une empoignade, une bousculade, une chute du lord qui décéda en se cognant, tout bêtement,  la tête contre un radiateur ou contre un coin de cheminée.

 

        Affolés, le frère transformé en une fraction de seconde en assassin, suite à une réaction violente, provoquée sans doute par le souvenir de son père brutalisant et insultant sa mère sous ses yeux d’enfant, ainsi que la sœur, angoissée de voir son frère jugé et emprisonné, pour avoir pris sa défense ; tous deux donc, trop stressés, n’ont pu prendre la seule décision sage qui aurait consisté à appeler la police pour lui relater les circonstances de l’accident... 

 

        Peut-être le fait d’être arabes et d’avoir vécu l’exclusion sociale, justement en France où ils se trouvaient à nouveau…Peut-être connaissant trop bien les préjugés de la Police française, à l’égard des maghrébins…La décision qu’ils prirent fut la pire : Ils placèrent le cadavre dans le coffre de la grosse BMW du lord et allèrent le déposer dans une forêt, près de Cannes,  y abandonnant aussi la voiture, en espérant que la police conclurait à un meurtre commis par un rôdeur…

 

        Malheureusement pour eux,  quelques jours après,  la police les arrêtait …

 

        Que dire de plus ? Que Mohamed était un gentil garçon et que la Jamila que je connaissais,  était un peu écervelée et qu’elle a probablement continué à être un peu trop imbue de sa personne, pour avoir été une jeune fille, très belle, à l’élocution française soignée, mais qu’elle n’a jamais été  une mauvaise fille et qu’elle aimait profondément les siens et surtout sa mère ?

 

        Que faire d’autre que de souhaiter à la pauvre Mbarka (encore tenue dans l’ignorance de la catastrophe par ses enfants et ses voisins), qu’elle ne prenne connaissance de ces faits qu’après que l’enquête, encore en cours, n’eut révélé qu’il s’agissait bien d’un accident ; et que la police ne s’acharne pas à démontrer, vaille que vaille, qu’il s’agit au contraire,  d’un meurtre prémédité.

       

        Pour l’heure Jamila est internée dans une clinique psychiatrique et Mohamed mis  en examen[2], l’instruction se poursuivant encore.

 

        Que Dieu les protège et Qu’il  nous protège tous…,  un malheur est si vite arrivé.



[1] Paix à son âme que Dieu l’accueille dans Sa Grande Miséricorde, je me suis permis de citer son identité complète car le drame est aujourd’hui du domaine public.

[2] La mise en examen est le terme français juridique actuel désignant l’arrestation avant la définition précise des chefs d’inculpation.

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