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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 20:05

« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. » Charles Aznavour.

Personnellement je vous parlerai d’un Nabeul que les moins de quarante ans, non seulement n'ont pas connu, mais dont ils ne peuvent même pas concevoir qu’il ait pu exister :

Le Nabeul de mon enfance et celui de mon adolescence où les familles musulmanes ou juives, ou encore chrétiennes, françaises, maltaises et italiennes notamment, vivaient dans une paix sociale conviviale, à tel point que certains quartiers abritaient toutes ces confessions et que parfois même, certaines familles juives et musulmanes se partageaient, non seulement la même rue, mais la même maison…

Le Nabeul où les Abdelmoula, Zine ou Ezzine, Gastli ou Castalli/Castelli, Haouet, Kamel ou El-Kamel, Félah, Maamouri, Kaddour, Ben-Sedrine, Turki, Aounallah, Ameur, Garali, Kerkenni, Chelly, Khadhar, Fékih, Saad, Dimassi, Gouddi, Hassine, Slimane et Ben-slimène, Sellam et Ben-Abdeslam, Nenna et Ben-Hafsa, Kallel, Bahroune, Bichiou, Belhassen, Boughzala, Bouaouina, Hriga, Ben-Chaabane, et Chaabane, Zitouna, Chelbi, Marzouki, Mbarek, Miled, Lassoued et Kort, Zegdane, Tabbane, Gmiha, Chérif, Mabrouk, Daghfous, Hicheri, Bettaieb, Najjar, Kharraz, Khayati, Ghalleb, Ghodhbane, Bayoudh, Ben-Abdallah, Rezig, Hadidane, Loussaif*, Mansour*, Khalfallah*, Dhane*, Daoud* Ghérib*, Khouaja* ,Benhamamia* Azouz*, Chaouachi* Baatout, El-béhi*,Benarbia*, Benzayed*, Karma*, Selmane*, Rékik*, El-Jazy* Mhir*, Mrabet, Dhoueib*, Chouchane*,Maatouk,*Akacha,* Lazrak*, Abdekhalak* Msallam*Gannar*, Mejdoub* Ben-Abda*Jemaa* Jemour*, Keddidi* Mghirbi*, Marzoug* ou marzouk*, Ayed* Gharbi* Skandaji* Zangar, Bouhnak, Taguia, Benbrahem, Alleya, Fahem, Ladhib, Bennani, Hdoussa, Soukah, Hamrouni, Omrane et Haddad, entre autres familles musulmanes, vivaient en bonne intelligence avec celles juives, des Youssef, Omrane, Haddad, Uzan, Guez, Chiche, Fartoukh, Gabison, KochKache/Koskas, Valensi, Parienti, Bonan, Kakou, Karila, Cohen et autres ; ou encore avec des familles européennes telles que les Graph*, Lafitte, Lederley, Giannitrapani, Gabrielli, Paladino, Zorbaïdess, Pidinelli, Camiliari, Caminiti, Orsoni, Orsini, Dimalta, Batista et autres….

Le Nabeul des années 50/60, où sur la plage, toute propre de sable fin, entre ‘’terchet el maamouri’’, ‘’terchet lihoud’’, le Nabeul-plage, Laskala et bien au-delà, devant le club des trières, on voyait déambuler toutes les familles en maillots, les jeunes filles souvent en bikini, sans cache-maillot, sans gêne ni complexes, aux côtés des garçons, courant, sautant, jouant au volley ou au foot et faisant de joyeux plongeons dans l’eau cristalline…

En définitive, le Nabeul de tous les adolescents de ces familles qui étaient sérieusement amoureux ou simplement emmourachés de l’une ou de l’autre de ces adolescentes… au-delà de toute confession ; et parfois même, comme moi, énamouré de toutes ces jeunes et belles musulmanes, juives, françaises et italiennes, en même temps…

Il y a quelques jours, je vous avais promis une promenade souvenirs à travers le Nabeul des années 40/50/60/70/80/90 et dont la plupart d’entre vous n’ont connu que quelques-unes de ses différentes époques; je vais tacher de tenir parole ; ce faisant, vous aurez droit aussi à quelques-unes des facettes du personnage dont quelques-uns seulement d’entre vous, en connaissent plus d’une seule…

Mais d’abord quelques avertissements et/ou précautions :

Mon père, ma mère et tous mes ancêtres connus sont nabeuliens, mais je ne suis pas né à Nabeul, ma famille, comme plusieurs familles de fonctionnaires et/ou de commerçants ayant dû bourlinguer à travers le pays et je suis né au Kef, comme j’aurais pu voir le jour à Téboursouk, Tunis, Tozeur ou ailleurs…et c’est pourquoi, avant d’aborder ma vie nabeulienne, je vous proposerai quelques escales ailleurs.

Je suis né et je vis, à une époque où la très grande majorité des familles de ce pays est musulmane….j’ai une certaine disposition à croire, peu ou prou, à la réincarnation des âmes et si musulman, je suis né dans cette vie, il est tout à fait envisageable que dans des vies antérieures, j’aie pu être berbère juif ou romain chrétien, voire barbare nordique croyant en des dieux pluriels, sur cette terre d’Ifrikya, sur ce même cap-bon, en cette même Néapolis ou ailleurs……

Cette même terre envahie et occupée à travers les millénaires par différentes hordes de peuples plus ou moins barbares, plus ou moins hostiles, mais qui tous ont dû être tour à tour phagocytés dans le creuset culturel, dans son sens large de modes et manières de vie, de la société tunisienne en perpétuel remodelage.

A titre de simples exemples, ce n’est pas pur hasard que des dizaines de patronymes et même de prénoms juifs et musulmans sont les mêmes, ni que des têtes de Juifs, de Musulmans, ou mêmes de Français, d’Italiens, de Turcs, voire même de Suédois, soient parfois peu distinguables, parmi la grande variété de têtes simplement tunisiennes…

Au cours d’une enquête sur les ’’poupées de sucre de Nabeul’’, le court métrage dont j’ai écrit le scénario et le texte du narrateur à la demande du jeune cinéaste nabeulien Anis Lassoued, il m’a été donné de faire la connaissance des quelques Juifs qui restaient encore à Nabeul durant les années 96/97.

Ce faisant, j’ai rencontré des juifs nabeuliens qui parlaient ‘’nabeulien’’ mieux que ne peuvent le faire les jeunes nabeuliens musulmans actuels qui ont tous, plus ou moins, perdu le ‘’techtich’’ chantonnant, si caractéristique du patois pur et dur du fond du terreau nabeulien ; juifs dont il était tout à fait impossible de deviner s’ils le sont ou non, à travers leur accoutrement quotidien, dans leur échoppe de cordonnier-chausseur, d’épicier, de gargotier ou de fabricant d’harissa…

J’ai été enfant gâté dans une famille plus ou moins aisée de fonctionnaire moyen, puis de grand commis de l’Etat, fils d’un ancien sadikien, patriote et révolté qui sera plus tard, très mal récompensé par un autre patriote, ayant eu le tort de croire avoir été le seul, à combattre la colonisation, pour la liberté et l’indépendance du pays…

J’ai été élève d’écoles coraniques à Tunis, puis à Nabeul, ânonnant en chœur des bribes de sourates auxquelles je ne comprenais rien, élève du primaire endormi et récalcitrant chaque jour à retourner à l’école, devenant plus tard, au secondaire, quelque peu rebelle et imprévisible…

J’ai été l’élève de Monsieur Graph qui a enseigné la natation sportive à plusieurs générations de nageurs nabeuliens dont très rares sont ceux qui ont survécu à la mort de la natation nabeulienne qui a connu ses années de gloire sous la férule de ce très grand Monsieur qui avait fait de moi un tout jeune champion de Tunisie benjamin et minime ; et dont j’ai déjà publié ici sous pseudo, un portrait essayant de lui rendre justice…et que je vous soumettrai avec plaisir de nouveau.

J’ai été aussi le petit nabeulien des années 50, trop bien habillé parmi les gamins de mon âge, à découvrir le basket, assis, à même la poussière, à marquer le score parterre, derrière la ligne de touche du terrain jouxtant l’hôpital, terrain dont sont très rares parmi vous, ceux qui se souviennent encore et qui se situait juste en face du ‘’Stade Mohamed Ali Chelly’’ sur lequel on a construit depuis le complexe commercial Néapolis…

Mes rares camarades des écoles Sadiki Tunis/Place de France Nabeul (Place des martyrs aujourd’hui) et/ou des lycées Khaznadar et Sadiki, qui sont encore en vie reconnaitront et revivront, avec plaisir et nostalgie, les personnages et les anecdotes que je serai amené à vous relater ici …

J’ai été le basketteur élégant ayant pratiqué le tir en suspension et le double-saut, bien avant leur apprentissage par les basketteurs nabeuliens dont la plupart ne connaissaient alors que le tir à l’arrêt de loin à l’image de feu Mohamed Marzouki, alias #Stop pour les connaisseurs ; ou le tir en course en contre-attaque (à l’instar de René Caminiti, l’inoubliable #Rénato ou le rusé Tahar Bahroune qui déroutait ses adversaires par son regard de travers…). Il y eut cependant de rares exceptions, celle de feu l’irremplaçable Hamadi Chelly pour le tir en suspension ; et celle de Habib Garali l’inénarrable #Bruno pour le double saut suivi du tir acrobatique en cuillère… deux tirs dont je maitrisais déjà doublement la pratique à Khaznadar et à la Zitouna Sports, en minimes et cadets, bien avant…

J’ai été le junior surclassé sénior pour intégrer brièvement l’équipe nationale dirigée par Hamadi Driss puis Bob Saidane ; ce dernier, dont on dit que c’est mon homonyme et cousin Taoufik Haouet (tailleur de son métier) qui l’aurait balafré, lors d’un jour noir à Nabeul, d’un tesson de bouteille, pour avoir jugé qu’il avait fait perdre le Stade Nabeulien par un arbitrage partisan…ce que l’intéressé a toujours démenti…

J’ai été le joueur vedette de la Zitouna Sports avec mes ainés Barbirou, Ben Tahar et Rachid Bey sans oublier le Capitaine entraineur Hamadi Driss qui a fini par me jouer un mauvais tour, me forçant à devenir un joueur très prometteur du Stade Nabeulien, mais un joueur condamné à occuper le banc des remplaçants, parce que le pseudo manager de ce temps-là ne savait pas utiliser un joueur d’exception ; joueur qui a fini par perdre et sa patience et ses dons….à regarder jouer une équipe ne sachant se baser sur aucune combinaison, à part la course de contrattaque des 5 joueurs inamovibles sous la houlette d’un capitaine alors, déjà vieillissant et ventru, mais toujours omnipotent et omniprésent sur le terrain, quoique souvent ne pouvant même plus, respirer ou faire une passe en marchant…

J’ai été l’étudiant plus ou moins brillant, mais toujours rebelle sinon arrogant à Kassar-Said Tunis, puis à l’Institut Supérieur des Sports de Paris Vincennes…

J’ai été professeur d’éducation physique dans des lycées et collèges, à Carthage, au Kef, à Sousse, à Zaghouan ; puis fonctionnaire au ministère de la jeunesse et des sports durant ses années de gloire et de décadence…

J’ai été inspecteur régional de ce ministère à Nabeul (puis directeur régional de ce secteur) durant ces années 1970/1977 où les écoles et lycées du Cap-bon, notamment ceux de Nabeul, raflaient les coupes et les championnats scolaires…; et plus nombreux seront probablement mes élèves et collègues qui ont connu cette étape et qui en revivront avec moi, (peut-être), avec plaisir certains de nos souvenirs communs ou parallèles…

J’ai été celui qui a tout claqué à l’âge de 37 ans pour reprendre, avec une détermination sans égale, des études supérieures abandonnées des décennies auparavant, et pouvoir intégrer l’Enseignement Supérieur, avec un DESS des Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) à l’Ecole Normale Supérieure de Paris-Vincennes et un Doctorat de Sociologie de la Connaissances et des idéologies, à Paris7 Jussieu…

Certains de mes étudiants et collègues de cette époque relativement plus proche (de l’ISSEP Kassar-Said et plus généralement de l’Université de Tunis I) trouveront aussi ici, matière à souvenir et éventuellement nostalgie…

J’ai été, à différentes périodes, l’entraineur-manager du Stade Nabeulien qui a créé le plus de problèmes aux équipes de l’Espérance, de l’Etoile de Sousse et de Radés et même à la Zitouna entraînée alors par le renard Hamadi Driss que j’ai épuisé par les changements de tactiques et que je suis arrivé à battre sur le fil après avoir été mené de 20 points....

Je me souviens aussi d’un jour à Sousse, où empêché d’entrer sur le terrain par les soussiens qui se méfiaient de moi, j’ai ‘’managé’’ à travers le grillage en soufflant les consignes à mon ami le docteur Rachid Mbarek. Ce jour-là nous avions rendu fou l’entraineur adverse en faisant entrer tour à tour sur le terrain, les deux frères Benna (pour la première fois pour ces derniers), les frères Belhassen et les deux Taoufik Ben Abdallah…

J’ai été, j’ai été, j’ai été ….oui, je sais il semble bien que je souffre d’une drôle d’inflation du JE, je peux même, à la limite, rivaliser avec l’immense Ego Bajboujien….je n’en rajouterai plus, passons au présent.

Je suis, au jour d’aujourd’hui, le retraité qui, depuis quelques années déjà, lit et relit des dizaines d’anciens et nouveaux ouvrages, d’histoire, de littérature, de politique et de science-fiction ; et égrène ses souvenirs mixés à quelques modestes réflexions, non pas pour lui seul, mais surtout pour mes enfants et ma famille, pour mes amis et, plus généralement, pour ceux qui, surement nombreux, ont parfois, ici ou là, croisé ne serait-ce que pour un moment, ma longue route…

Je vous souhaite à toutes et à tous, une bonne promenade durant laquelle vous m’excuserez certaines lenteurs et longueurs, surtout vous les plus jeunes, à qui la vie d’aujourd’hui ne laisse pas toujours le temps de vous arrêter, pour prendre le temps…

Ce dont je serai le dernier à vous en vouloir…

Publié sur ma page FB

Post n°2 destiné aux divers groupes s’intéressant à la mémoire tunisienne plus particulière à la mémoire de Nabeul:

#Quartier_Général_des_Nabeuliens ; #Si_Nabeul_m’est_conté (je suggère d’ailleurs ‘’m’était ‘’ au lieu de ‘’m’est’’)

#Connaître le Cap-bon’’…. Ainsi qu’à tout le peuple du #Barr_El_Guebli’’, cette appellation du Cap-Bon de la génération des anciens, qui n’existe plus à peine, que dans la mémoire embuée de ceux encore en vie…

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